Objet : STOP AU SACRIFICE DES MILIEUX
AQUATIQUES !
Le 1er
septembre 2016
- A
l’attention de Madame Ségolène ROYAL, ministre de l’Environnement, de l’Energie
et de la Mer,
92055 Paris La Défense Cedex.
Madame la ministre,
Nous avons l’honneur de vous
informer de notre profonde indignation et révolte quant à votre projet en cours
concernant le développement de la petite hydroélectricité ou la construction de
nouveaux barrages en France, un véritable paradoxe avec la continuité
écologique !
Contrairement à l’image que l’on
veut bien donner au public, l’hydroélectricité, cette énergie renouvelable
n’est pas « propre » car elle entraîne trop souvent de graves
nuisances irréversibles sur les milieux aquatiques.
La construction de barrages
Les nouvelles normes imposées par
la continuité écologique avec la circulation des espèces piscicoles et le
transport des solides continuent à perturber les milieux aquatiques. Le
principal exploitant, EDF, accuse d’ailleurs un retard certain avec les mises
en conformité de ses équipements.
N’oublions pas que le prélèvement
d’une partie du débit d’une rivière et le stockage de l’eau dans ces barrages entraînent :
- un mauvais
fonctionnement du transport des solides lors des crues naturelles qui provoque
le rétrécissement et le colmatage du lit de la rivière, ainsi que le risque
d’inondation ;
- une diminution de la surface
mouillée et donc une diminution de la capacité d’accueil, entraînant une
diminution des populations de l’écosystème, des zones à frayères et de la croissance
des salmonidés ;
- le non rechargement des nappes
alluviales empêche de redonner naturellement un bon débit qui aurait évité les
chocs thermiques pour la faune aquatique en période d’étiage, contrairement aux
lâchers intempestifs d’une eau beaucoup plus froide des barrages ;
- une augmentation de la
température de l’eau des cours d’eau, une importante détérioration de la
qualité de l’eau, ainsi qu’une évaporation massive de celle contenue dans les
barrages, accentuée désormais par le réchauffement climatique ;
- une augmentation des risques de
mortalité pour les milieux aquatiques ainsi que pour le prélèvement d’eau
potable du fait de sédiments, pour beaucoup, pollués aux métaux lourds surtout
lors d’opérations de vidanges.
Ces vidanges soulèvent les
matières en suspension (MES) accumulées dans les barrages qui, en se répandant
dans les cours d’eau, génèrent une asphyxie de l’écosystème et augmentent le
risque de contamination de l’eau destinée à l’alimentation humaine.
Les catastrophes écologiques dues
à ces vidanges se succèdent avec notamment celle de la haute Dordogne (barrage
de la Bourboule,
Puy-de-Dôme) en février 2015 et plus récemment celle du Gave d’Ossau (barrage
de Fabrèges, Pyrénées-Atlantiques) en mars 2016. Fin juin 2016, c’est au tour
du barrage du Rioumajou (Hautes-Pyrénées) où pendant plusieurs jours, les taux
de MES, bien supérieurs à ce que peut supporter la vie aquatique, ont détruit
pour plusieurs années un des joyaux des Pyrénées sur plusieurs
kilomètres : le torrent du Rioumajou et la rivière Neste d’Aure.
Les microcentrales
La vie aquatique est réduite et
parfois presque nulle dans le débit réservé, ce qui n’a jamais été pris en
compte par les porteurs de projet.
Les éclusées perturbent gravement
la reproduction naturelle en asséchant ou en emportant les frayères, ainsi que
la croissance des alevins et des juvéniles.
Les microcentrales sont l’une des
causes de l’éradication des souches autochtones de truites.
La plupart de ces installations,
très vétustes, sont de véritables « sanibroyeurs » des populations
piscicoles. Leurs turbines, l’espacement des barreaux, ou l’inclinaison des
grilles ainsi que le manque d’outils de dévalaison, détruisent tous poissons
s’en approchant. Il est grand temps de prévoir leur rénovation et leur mise en
conformité avec la réglementation avant de vouloir en créer davantage.
Par ailleurs, il est évident que
le poids économique de la pêche de loisir est sans commune mesure avec celui
créé par les microcentrales qui ne représentent que 1% de la production électrique
en France !
Voilà Madame la ministre,
l’énergie dite Propre !
Il est vrai que l’on n’a jamais
entendu hurler de douleur les truites sauvages lors de leurs lentes agonies,
étouffées par la vase !
Nous nous en remettons à votre
sagacité et à votre sensibilité pour faire stopper ces projets destructeurs des
milieux aquatiques qui n’ont, dans l’ensemble, pour seul but que des intérêts
financiers particuliers.
Demande de construction de
nouveaux barrages
Demandée principalement par la FNSEA pour l’irrigation,
elle est non fondée, car si certains agriculteurs évitaient la monoculture du
maïs depuis plus de trente ans dans certaines régions, la plupart des terres
agricoles ne seraient pas réduites à un support stérile et pollué, tout comme
les nappes phréatiques.
Nous ne serions donc pas obligés
de prélever davantage dans nos rivières afin d’avoir de l’eau potable.
Il est grand temps que le monde
agricole s’adapte et prenne conscience de l’économie de ce bien précieux qu’est
l’eau au lieu de la gaspiller chaque année pour des productions purement
spéculatives.
C’est aussi cette même fédération
qui voudrait voir certains ruisseaux rayés de la carte des cours d’eau afin de
pouvoir se dispenser des contraintes qui sont imposées pour leur protection.
Madame la ministre, vous n’êtes
pas sans savoir que la France,
qui possède déjà le deuxième plus grand parc d’énergie nucléaire du monde ainsi
qu’un réseau hydroélectrique très dense, s’est engagée auprès de ses
partenaires européens en octobre 2000 - Directive Cadre Européenne Eau - à
atteindre un bon état écologique de ses cours d’eau, en 2015 !
Non seulement l’objectif fixé n’a
pas été atteint en 2015 mais pire encore l’état des lieux de 2013 est inférieur
à celui de 2009 avec seulement 41,3 % des masses d’eau en bon état ou bon
potentiel écologique sur la métropole (45 % en 2009).
L’échéance a été repoussée en
2021 et nous vous demandons de bien vouloir respecter cet objectif car la
qualité de nos cours d’eau doit passer avant la quantité et le profit.
Nous sommes évidemment tous
concernés par cet objectif et au premier plan les pêcheurs qui ont aussi pour
mission de protéger les milieux aquatiques.
Madame la ministre, avec plus de
1 500 000 pêcheurs pratiquants, vous devez écouter la grogne qui
monte. A défaut, nul doute que les pêcheurs et autres personnes déçus, ainsi
que leurs familles, soit plusieurs millions d’électeurs, sanctionneront le
moment venu dans les isoloirs, les responsables de la forte dégradation de leur
biotope ainsi que de leur loisir.
L'eau est un des enjeux
majeurs de ce siècle pour l'avenir de nos enfants et petits-enfants.
Nous ne pouvons accepter au
niveau national le projet de nouvelles microcentrales ou de nouveaux barrages.
Certains sont d’ailleurs obsolètes et n’ont toujours pas été rénovés ou
démantelés.
Nous n’accepterons plus les
catastrophes écologiques des vidanges de barrages.
Protégeons nos rivières !
Nous vous prions de croire,
Madame la ministre, à nos sentiments les plus respectueux mais attristés.
Alphonse ARIAS Jean-Pierre
JENN Fabrice PONS
Une liste nominative de soutiens au nom d'associations, de collectifs, de sites et blogs internet, etc. sera jointe à cette lettre. Si vous souhaitez donner votre soutien, merci de nous indiquer le nom de votre associations via les commentaires ou l'adresse mail : collectifmouche31@orange.fr
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Plus il y en aura, plus nous aurons de chance de nous faire entendre.
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